Les grillades au charbon de bois ne sont certainement pas une activité d’intérieur !
Il est dangereux de faire des grillades au charbon de bois dans des endroits fermés. La combustion du charbon de bois libère des quantités considérables de gaz toxiques, notamment du monoxyde de carbone (CO). Même lorsque les fenêtres, les portes et la porte du garage sont ouvertes pour des « raisons de sécurité », des concentrations mortelles de CO peuvent s’accumuler. Ce risque existe également avec les appareils qui sont présentés comme des « barbecues d’intérieur », bien qu’ils utilisent du charbon de bois incandescent comme source de chaleur. Il en va de même pour les marmites à charbon de bois, appelées « hot pots », lorsqu’elles sont utilisées dans un salon ou dans un restaurant. L’Institut fédéral pour l’évaluation des risques (BfR) a récemment achevé un projet de recherche en coopération avec l’Institut fédéral de recherche et d’essai des matériaux (BAM). Ce projet a étudié les concentrations de CO atteintes lors de l’utilisation de grils à charbon de bois ou de feux ouverts à l’intérieur et le temps nécessaire pour que cela constitue un danger pour l’homme. Résultat : même après un temps relativement court, des niveaux dangereux de monoxyde de carbone sont atteints.
Depuis des années, le BfR attire l’attention sur les dangers des grillades dans les espaces clos. Cependant, jusqu’à présent, il n’existait pas de données mesurées sur la formation, la propagation et la répartition spatiale du monoxyde de carbone (CO) à l’intérieur des bâtiments lors de l’utilisation de grils à charbon de bois et d’autres sources de chaleur à base de charbon de bois. Afin de recueillir des données sur les concentrations de CO à l’intérieur des bâtiments lors de l’utilisation de grillades, plusieurs expériences ont été menées au BAM avec 800 grammes de charbon de bois incandescent chacune. Des tests préliminaires réalisés dans une petite chambre de mesure avaient déjà montré que des concentrations de gaz potentiellement mortelles étaient atteintes très rapidement. Comme la situation de grands intérieurs ne pouvait pas être reproduite dans la chambre de mesure en raison de son faible volume spatial, des mesures supplémentaires ont été effectuées dans une chambre à nuages plus grande. Grâce à son volume spatial de 19 mètres cubes, la chambre à nuages constitue un bon modèle pour un petit garage ou une salle de séjour. Lors des expériences, la concentration de CO a été mesurée à la fois sous le plafond et à proximité immédiate du gril. Aucune différence significative n’a été constatée, car le gaz de combustion était réparti de manière relativement homogène dans la pièce. Après seulement deux heures de combustion de 800 grammes de charbon de bois, des concentrations de CO supérieures à 3 000 ppm (parties par million) ont été mesurées. Si l’homme inhale de l’air ambiant à de telles concentrations, il s’évanouit au bout de quelques minutes.
Les données recueillies dans le cadre de ces expériences servent de base à des simulations informatiques et donc à une nouvelle évaluation des risques liés aux grillades à l’intérieur. Les simulations permettent de calculer la propagation du CO dans des pièces de toute taille. La concentration de gaz dans un garage typique a notamment été calculée pour un total de 42 points à l’intérieur de la pièce. Résultat des calculs : dans un garage fermé où l’on brûle 800 grammes de charbon de bois, on peut s’attendre à des concentrations de CO comprises entre 750 et 1100 ppm. Des données cliniques ont montré que 200 ppm de CO dans l’air ambiant suffisent à provoquer de légers maux de tête après deux heures. À 800 ppm, des vertiges et des nausées apparaissent. Après environ deux heures à cette concentration, l’homme perd connaissance.
Les études montrent à quelle vitesse ce gaz inodore et coloré peut s’accumuler jusqu’à atteindre un niveau qui peut être fatal. Ce qui est particulièrement insidieux, c’est que le délai entre les premiers symptômes perceptibles et la perte de conscience est très court. Souvent, les personnes souffrant d’une intoxication au CO ne ressentent aucun trouble au début. En raison de la coloration rouge cerise du sang, elles ont l’air en très bonne santé. Cependant, lorsqu’elles essaient de se lever, leurs fonctions corporelles s’arrêtent soudainement et elles ne peuvent plus prendre de mesures pour se protéger. En outre, il faut tenir compte du fait que même de très faibles concentrations constituent un danger, car le gaz reste longtemps dans la pièce et s’accumule dans le sang en plus du CO inhalé précédemment. Le BAM et le BfR recommandent donc vivement de ne pas utiliser de matériaux brûlants tels que le charbon de bois à l’intérieur comme source de chaleur pour les grillades, la cuisine ou le chauffage.
Comme l’ont également démontré les expériences, les détecteurs de fumée n’offrent aucune protection contre l’empoisonnement. Dans aucune des expériences, le détecteur de fumée installé ne s’est déclenché. Les détecteurs de fumée identifient les particules très fines dans l’air qui se forment en grande quantité lorsqu’un incendie se déclare. En revanche, les braises incandescentes libèrent presque exclusivement des gaz invisibles qui passent inaperçus aux yeux d’un détecteur de fumée optique. Contrairement aux détecteurs de fumée, les détecteurs de CO offrent une protection efficace, car ils détectent le gaz lui-même. Dans le cadre des expériences menées dans la chambre à nuages, un détecteur de CO a été installé et a déclenché l’alarme quelques secondes après avoir pénétré dans la pièce où se trouvaient les braises, même si la porte était encore ouverte. Le BAM et le BfR vont, en collaboration avec le comité du BfR « Évaluation des intoxications », réévaluer le potentiel de danger de l’utilisation de sources de chaleur ouvertes à base de charbon de bois et de grills à l’intérieur des bâtiments.
À propos du BfR
L’Institut fédéral d’évaluation des risques (BfR) est une institution scientifique relevant du ministère fédéral de l’alimentation, de l’agriculture et de la protection des consommateurs (BMELV). Il conseille le gouvernement fédéral et les Laender fédéraux sur les questions de sécurité alimentaire, chimique et des produits. Le BfR mène ses propres recherches sur des sujets étroitement liés à ses tâches d’évaluation.